Maladie de Chagas: un risque pour la santé des Canadiens?
Croyez-le ou non, un parasite qui se nourrit de sang et qui sévit dans les régions tropicales d’Amérique latine pourrait représenter un danger pour les Canadiens. Si certaines maladies infectieuses, comme la malaria ou le Zika, ont récemment fait les gros titres, la publication d’une nouvelle étude de cas dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) a braqué les projecteurs sur la maladie de Chagas, transmise par un insecte (connu en anglais sous le nom de « Kissing Bug »). Une équipe d’experts en médecine tropicale et en médecine de laboratoire de Winnipeg et Montréal met en garde les personnes originaires de certains pays d’Amérique centrale et d’Amérique latine, ainsi que leurs enfants, contre le risque de contracter la maladie de Chagas, même une fois installées au Canada. L’étude porte sur un cas de transmission mère-enfants pendant la grossesse, et soulève plusieurs questions sur la prévention et le diagnostic de la maladie à l’échelle du pays, où les individus potentiellement infectés, mais non diagnostiqués se comptent par milliers. Ìý
La maladie de Chagas est causée parÌýun parasite appeléÌýTrypanosoma cruzi, que l’on trouve essentiellement en Amérique latine, mais aussi, occasionnellement, dans le sud des États-Unis. Elle est transmise par la morsure ou le «ÌýbaiserÌý» d’un trianome appelé en anglaisÌýKissing Bug, une variété de punaises qui se nourrit de sang humain et pique le visage de ses victimes. Le parasite pénètre dans l’organisme par les déjections laissées par l’insecte au point de piqûre. La maladie peut également être transmise de la mère au fÅ“tus pendant la grossesse, par une transfusion de sang contaminé ou une transplantation d’organe d’un donneur infecté.
«ÌýParce qu’elle se transmet de la mère infectée à son bébé sur au moins trois générations, la maladie de Chagas constitue un réel problème de santé publiqueÌý», affirme Momar Ndao, chercheur au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé 91Ë¿¹ÏÊÓƵ (IR-CUSM) et professeur adjoint au département de médecine à l’Université 91Ë¿¹ÏÊÓƵ, et co-auteur de l’étude. Il ajouteÌý: «ÌýComme il ne s’agit pas d’une maladie transmissible à déclaration obligatoire au Canada, on trouve peu de données sur le nombre de cas non diagnostiqués et non traitésÌý».
Le DrÌýPierre Plourde, médecin hygiéniste et directeur médical de la clinique santé-voyage et des services de médecine tropicale de l’Office régional de la santé de Winnipeg (ORSW), est l’auteur principal de l’étude. Il a travaillé en collaboration avec deux spécialistes en parasitologie, le DrÌýKamran Kadkhoda, microbiologiste clinicien au Laboratoire provincial Cadham à Winnipeg, et le professeurÌýNdao, directeur du Centre national de référence en parasitologie (CNRP) à l’IR-CUSM.
Leurs travaux portent sur une concentration de cas au sein d’une même famille de Winnipeg et confirment la notion de connexion générationnelle entre la mère et ses enfants. Peu de temps après le diagnostic de la mère, trois de ses quatre enfants adultes, deux filles et un garçon nés au Canada, mais ayant de la famille en Amérique latine ont à leur tour reçu le même diagnostic. Plus important encore, le frère a déclaré avoir donné son sang pendant de nombreuses années jusqu’enÌý2010, année où la Société canadienne du sang a découvert chez lui la présence d’anticorps au parasiteÌýT. cruzi.
«ÌýLe risque global de transmission de la maladie de Chagas de la mère au fÅ“tus est seulement de 6Ìý%, mais lorsque la femme enceinte est parasitémique (c’est-à -dire qu’elle présente un taux élevé de parasites dans le sang), le risque de transmission peut augmenter jusqu’à Ìý30Ìýpour centÌý», explique le DrÌýPlourde.
D’après les auteurs de l’étude, les pays où le risque de contracter la maladie est le plus élevé sont, entre autres, l’Argentine, la Bolivie, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Panama et le Paraguay.
«ÌýQuiconque ayant vécu ou voyagé dans ces pays pour une durée prolongée et s’étant fait piqué par la punaise, ayant reçu une transfusion sanguine dans les pays endémiques, ou dont la mère a reçu un diagnostic de maladie de Chagas doivent demander à passer un test de dépistage à leur médecinÌý», recommande PrÌýNdao, chercheur spécialisé dans les maladies infectieuses depuis plus de 20Ìýans. Le CNRP est réputé pour son expertise en matière de diagnostic de la maladie de Chagas à travers le Canada.
«ÌýEnviron une personne sur quatre ayant été infectée une fois dans sa vie développe la maladie. Le danger ne se manifeste pas immédiatement après l’infection, mais peut survenir des années plus tard, si la maladie n’est pas traitée et qu’elle touche les tissus des muscles cardiaques, entrainant un risque d’insuffisance cardiaqueÌý», ajoute le DrÌýPlourde.
Un dépistage et un traitement précoces peuvent éviter aux personnes atteintes des conséquences graves à long terme, telles qu’une altération de la fonction cardiaque, et améliorer le pronostic pour les personnes à risque. Plus le patient est jeune lorsque l’on administre le traitement, plus ce dernier sera efficace. Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de vaccin homologué contre la maladie de Chagas.
Première étape du dépistage, les tests de recherche d’anticorps contre le Chagas peuvent être demandés par tout clinicien au Canada. S’ils s’avèrent positifs, le patient devra être évalué et suivi par un médecin spécialiste en maladies infectieuses ou en médecine tropicale.
Pour plus d’information sur la maladie de Chagas ou pour lire l’étude de casÌý:
- Organisation mondiale de la Santé :Ìý
- Gouvernement du CanadaÌý
About the Winnipeg Regional Health Authority
The Winnipeg Regional Health Authority (WRHA) () is the largest health region in the province of Manitoba (with a population of roughly 705,240 in 2014, about 60% of the total provincial population) and is responsible for the delivery of acute care, public health and other community health services to the residents of the Winnipeg Health Region.Ìý WRHA Travel Health and Tropical Medicine Services () delivers pre-travel health services to over 5000 clients and manages over 250 post-travel patients with tropical diseases annually.
About the Cadham Provincial Laboratory (CPL)
Cadham Provincial Laboratory (CPL) as the public health laboratory of the province of Manitoba serves a population of more than 1.3 million with a wide range of virological, serological, molecular, and bacteriological tests as well as specialized and reference diagnostic testing for tertiary care hospitals and community health clinics for both clinical and public health purposes. With a few exceptions, the overwhelming majority of parasitological testing in Manitoba is handled by CPL.
À propos de l’IR-CUSM
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé 91Ë¿¹ÏÊÓƵ (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université 91Ë¿¹ÏÊÓƵ, est l’organe deÌý recherche du Centre universitaire de santé 91Ë¿¹ÏÊÓƵ (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sitesÌý Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).Ìý
Contacts médias :Ìý
Jennifer Jularbal
Communications, ORSW
204-926-7866
(c) 204-795-3043
jjularbal [at] wrha.mb.ca
Julie RobertÌý
Centre universitaire de santé 91Ë¿¹ÏÊÓƵÌý
514-843-1560
(c) 514-971-4747
julie.robert [at] muhc.mcgill.ca
Ìý